Les mycologues d’antan n’avaient que leurs yeux – et aussi leur nez et leur langue – pour appréhender les champignons, les regrouper, les ordonner et les classer. La classification reposait essentiellement sur des convergences morphologiques. C’était une classification macroscopique.
Avec l’avènement du microscope et de la chimie, la taxinomie fut fortement bousculée. Et maintenant, à l’heure de la génétique, de nouveaux bouleversements sont en cours.
Les fluctuations s’opèrent dans deux sens opposés : ou bien une espèce (dite collective) est scindée en plusieurs espèces distinctes, ou au contraire des champignons que l’on considérait comme différents sont regroupés en une seule et même espèce. C’est ce qu’il advint à notre pézize : Peziza varia (Hedwig : Fries) Fries.
Quand elle était dotée d’une sorte de petit pied et poussait sur le bois, elle portait le nom de Peziza micropus. Lorsqu’elle était lisse et cireuse, elle s’appelait Peziza cerea, et Peziza repanda quand elle se montrait particulièrement grande et bosselée-sinueuse.
Les pézizes observées présentement offrent une belle leçon de pédagogie : certaines, grandes ou petites, lisses ou côtelées-onduleuses, croissent sur un tronc mort couché au sol, pendant que d’autres colonisent les débris de bois mêlés à la terre, ou se répandent carrément sur la terre nue. Toutes possèdent de belles grandes spores elliptiques et hyalines, tout droit sorties de la ligne claire d’Hergé.