Découvrir cette superbe amanite procure une émotion fort éloignée des sensations habituelles de mollesse, d’informe et d’humidité que suscitent nombre de champignons. Elle suggère une antique et gigantesque statue de pierre blanche, veillant sur quelque temple disparu.
Mais on peut aussi la comparer à une athlète, grande et robuste, à l’équilibre des formes atteignant à la perfection. Le chapeau hémisphérique, d’une pureté géométrique sans faille, blanc ou couleur coquille d’œuf, brillant et satiné, festonné à la marge de lambeaux crémeux, contrebalance le mouvement de la jambe galbée, chaussée d’une large et épaisse volve blanchâtre, ornée d’un ample anneau floconneux, qui encrème immédiatement le doigt de celle ou celui qui le touche.
La crème omniprésente chez notre Amanite ovoïde : Amanita ovoidea (Bulliard) Link, va jusqu’à se nicher sur l’arête des lames.
Seule ombre au tableau de cette fulgurante beauté : elle dégage une odeur de marée, qui vire rapidement aux relents de fromage… et elle n’est pas comestible.
Sous l’effet conjugué de la chaleur et des pluies abondantes de ces derniers temps, en avance sur l’automne, elle jaillit de terre çà et là dans les bois calcaires de Saint-Maur.
(29 juillet 2021)