Peut-on être pâle et brillant en même temps ? Être blême, sans éclat, tout en étant étincelant ?
C’est à cet insoluble dilemme auquel nous sommes confrontés quand nous découvrons notre petit carex, chatoyant de tous ses verts tendres et lumineux, et que l’on entend conjointement prononcer son nom latin : Carex pallescens Linné, unanimement traduit par Laîche pâle.
Ses utricules dodus sont si scintillants, si lustrés, si glabres et si lisses, sans la moindre aspérité que, si l’on devait grimper sur l’un d’eux devenu géant, on glisserait comme sur un piton glacé sans rien pour se retenir.
Voilà donc encore une plante fort mal nommée, taxée de pâleur alors qu’elle est toute miroitante. On pourrait la rebaptiser… par exemple Laîche nitescente.
En sus de sa brillance, elle arbore une élégance naturelle, avec ses feuilles qui montent comme des flammes, ses tiges florifères sveltes qui se résolvent en une sorte d’œillet, formé de deux ou trois épis femelles, aux utricules sans bec, à trois stigmates, d’où point un épi mâle fusiforme, l’ensemble étant prolongé par une bractée aiguë.
Elle pousse de concert, le long de la route forestière de Clavières, avec la Laîche basse (Carex demissa), la Laîche divergente (Carex divulsa), la Laîche glauque (Carex flacca), la Laîche hérissée (Carex hirta), la Laîche patte de lièvre (Carex leporina), la Laîche millet (Carex panicea), la Laîche à épis espacés (Carex remota), et la Laîche des bois (Carex sylvatica). Neuf adorables petites laîches… véritable trésor en forêt de Châteauroux.
(25 juin 2020)