Du lait dans les veines

Quand on a du sang dans les veines – du sang rouge – on a de l’énergie et du courage. Quand on a du sang de navet – de la teinte blanchâtre de ce légume par ailleurs peu sapide et suggérant l’anémie – on manque au contraire d’énergie et de courage.

Mais qu’en est-il lorsqu’on a du lait dans les veines, comme le Gouet d’Italie : Arum italicum Miller – dont les feuilles vertes et luisantes sont creusées-sillonnées de grosses veines laiteuses ?

Le lait étant une substance nourricière majeure, aussi vitale que le sang, postulons qu’avoir du lait dans les veines signifie que l’on est bien nourri et en pleine santé physique et mentale.

Une autre plante arbore des feuilles aussi spectaculairement veinées de lait : le Chardon Marie. Son nom lui vient de la légende selon laquelle des gouttes de lait, de la Vierge allaitant l’enfant Jésus, se seraient répandues sur les feuilles de cette plante, y creusant alors de profondes et indélébiles veines de lait.

Ces deux plantes, dont les feuilles sont au sommet de leur splendeur laiteuse en ce moment, sont visibles dans la ville de Châteauroux : Le Chardon Marie sur les pelouses de la Cité Administrative, l’Arum d’Italie dans la venelle qui relie la rue de la République à la rue Jean-Jacques Rousseau.

(22 avril 2021)

Les samares d’abord

Certaines plantes à fleurs sont plus impatientes de se reproduire que de se nourrir. Ce sont des plantes qui font les fleurs avant les feuilles, et même parfois les fruits avant les feuilles.

Tel est le cas de l’Orme champêtre : Ulmus minor Miller.

Ainsi, en ce moment, dans les haies du bocage berrichon, là où vivent encore de jeunes ormes en pleine vigueur – avant de succomber à la graphiose – nous pouvons observer de mini-canopées jaune verdâtre. Ce sont des ormes en fruits.

À les regarder de près, ces fruits sont spatulés et disposés en bouquets. Ils sont composés d’un renflement rouge et allongé sous lequel se cache la graine, et d’une membrane souple, jaune-vert pâle : l’aile. Ce sont des fruits secs indéhiscents, munis d’une graine unique non adhérente à la paroi interne… donc des akènes. Et comme de surcroît ils sont munis d’une aile, ce sont des samares.

Les fruits de l’orme étant ailés, ils peuvent s’envoler et aller germer très loin de l’arbre mère (qui est aussi l’arbre père). Et comme ils sont précoces, ils sont les premiers à s’installer là où ça leur chante. Les ormes sont des arbres pionniers !

La petite fleur de Pâques

Elle étale ses nappes blanches piquetées de jaune et de rose entre les coussins blancs des Stellaires holostées, les petites forêts rose violacé des Lamiers pourpres, les embroussaillements jaune argenté des Séneçons communs et le friselis bleu ciel des Véroniques de Perse.

Ce paysage floral enchanté atteint à sa quintessence dans le Parc Balsan, à Châteauroux, et je vous invite à vous y promener.

Les Pâquerettes se montrent particulièrement abondantes et luxuriantes cette année. Abondance et luxuriance qui s’expliqueraient peut-être par ces nuits froides et semées de petites gelées de ce début de printemps, qui freinèrent la poussée trop rapide de l’herbe, offrant ainsi des pelouses rases favorables à nos petites fleurs de Pâques.

La Pâquerette : Bellis perennis Linné, agrémente et égaie nos salades de ses feuilles spatulées en rosette et de ses capitules de fleurs.

Mais on peut aussi aller aux pâquerettes sans cueillir la moindre fleur des prés, et être au ras des pâquerettes… tout en s’élevant à la beauté et la philosophie des fleurs.

(8 avril 2021)

La deuxième vague de fleurs

Les Stellaires holstées* enflent les haies de leurs édredons de neige. Les Cardamines des prés, le pied dans l’humidité, épanouissent leurs pétales blanc-rose de porcelaine visités par le papillon Aurore.

Les Pulmonaires à longues feuilles, pourpres et violettes de fleurs, sont les premières à éclore dans cette famille de gros ou de petits velus que sont les Boraginacées.

Les Muscaris des vignes luisent de leur bleu sombre intense, les Scilles à deux feuilles de leur bleu vif. Le Lierre terrestre, violet bleuté – deuxième Lamiacée à poindre – rampe en catimini à la suite du Lamier pourpre.

Les trois boutons d’or les plus communs sèment leurs rondelles d’or sur le bord des routes et des chemins : le Bouton d’or rampant, aux feuilles luisantes et découpées comme celles du persil, le pied dans l’eau ; le Bouton d’or bulbeux, à l’étage au-dessus, au sec, original par ses sépales jaunes retournés en col roulé ; et le grand Bouton d’or, arborant son feuillage découpé vert grisâtre.

Les Vulpins des prés, en avance sur presque toutes les autres graminées, érigent leur massette ébouriffées d’étamines jaunes ou violettes.

Ces quelques fleurs parmi les plus courantes en Berry s’ajoutent à celles toutes précoces évoquées la semaine dernière. L’émerveillement varie, oscille, se prolonge.

(1er avril 2021)

*La Stellaire holostée : Stellaria holostea Linné (photo de la chronique).