Des plantes pionnières et des fantassins

L’étymologie nous le dit : les plantes pionnières ont une lointaine parenté avec les pions, les pionniers – mots qui à l’origine désignaient les fantassins qui, comme on le sait, se déplaçaient et combattaient à pied (pion descend du latin pes, pedis : pied).

Le sens du mot pionnier glissa ensuite vers celui de colon s’installant sur une terre inhabitée pour la défricher… jusqu’au sens figuré actuel de bâtisseur, promoteur, créateur.

La botanique récupéra à son tour le mot pour qualifier des plantes s’implantant sur des espaces plus ou moins vierges, nus, non encore végétalisés : eaux douces, sables, éboulis, emplacements libérés par la fonte des neiges, pentes volcaniques après une éruption, champs après culture, sites de terrassement…

Tel est le cas d’une graminée de fin d’été, la Sétaire blonde : Setaria pumila (Poiret) Rœmer & Schultes, championne des vues à contre-soleil. Elle est caractéristique et particulièrement esthétique grâce à ses courts rameaux stériles ornés de longues soies jaunes ou oranges et, sous la loupe, par les jeux de lumière d’une écaille transversalement ridée, évoquant des friselis sur le sable dessinés par le vent et la marée.

Légende de la photo : Des gerbes de Sétaires blondes jaillissent d’un fossé récemment creusé, à la croisée de la route de Bouesse et du chemin du Guignier, à la sortie de Velles.

(28 septembre 2023)

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