L’Epipactis des marais

Une des fascinations exercées par les orchidées tient sûrement à leur anthropomorphisme fréquent.

Elles ne se contentent pas de ressembler à des animaux : singe, bécasse, grenouille, papillon, bombyx, abeille, bourdon, guêpe, mouche, moucheron, moustique, araignée… elles évoquent aussi des humains : d’une manière morbide quand il s’agit d’homme-pendu, mais de façon plus réjouissante quand elles suggèrent un visage1. Ainsi, notre Epipactis palustris (Linné) Crantz est-elle un troublant mélange de visage humain et de lémurien, avec ses grands yeux hypnotisants comme sortis du fond d’une caverne.

À l’heure où la notion de biodiversité commence à entrer dans les consciences, à être perçue comme l’une des merveilles du monde, la rencontre avec cette rare orchidée est bouleversante : comment cette fleur2, inféodée aux marais alcalins, fragile comme la Rose du Petit Prince… va-t-elle résister à la folie compulsive de l’asséchement des zones humides ?

(4 juillet 2019)

1Les orobanches sont encore plus douées que les orchidées pour mimer toutes sortes de visages humains.

2L’Epipactis des marais est menacée de disparition en France. Elle est protégée en région Centre (voir l’Atlas de répartition des orchidées de l’Indre, édité par Indre Nature).

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